
Le bien-être au travail est lié à la démarche de la Qualité de Vie au Travail (QVT), s’appuyant elle-même sur le plan de prévention des risques psychosociaux (RPS).
La notion de bien-être au travail
Le bien-être au travail « fait référence à un sentiment général de satisfaction et d’épanouissement dans et par le travail qui dépasse l’absence d’atteinte à la santé. Le bien-être met l’accent sur la perception personnelle et collective des situations et des contraintes de la sphère professionnelle. Le sens de ces réalités a, pour chacun, des conséquences physiques, psychologiques, émotionnelles et psychosociales et se traduit par un certain niveau d’efficacité pour l’entreprise. » [2]
La Qualité de Vie au Travail
Les notions de QVT et de bien-être au travail sont très liées mais il y a cependant une différence entre ces deux notions. L’accord national interprofessionnel (ANI) du 19 juin 2013 défini la QVT par « un sentiment de bien-être au travail perçu collectivement et individuellement qui englobe l’ambiance, la culture de l’entreprise, l’intérêt du travail, les conditions de travail, le sentiment d’implication, le degré d’autonomie et de responsabilisation, l’égalité, un droit à l’erreur accordé à chacun, une reconnaissance et une valorisation du travail effectué ». Cette définition sert encore de référentiel pour la QVT. Le cadre juridique de la QVT a été réglementé en janvier 2017 avec les lois Rebsamen et El Khomri. Ce cadre impose aux entreprises d’au moins cinquante salariés, une négociation périodique sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et sur la QVT (art.L. 2242-1 et L. 2242-17).
La prévention des risques psychosociaux (RPS) *
La notion de risques psychosociaux désigne en France « les risques pour la santé mentale, physique et sociale, engendrés par les conditions d’emploi et les facteurs organisationnels et relationnels susceptibles d’interagir avec le fonctionnement mental » [1].
« Derrière ce terme, on désigne a minima le stress au travail, l’épuisement professionnel ainsi que les violences internes et externes rencontrées par les travailleurs. La causalité plurifactorielle des RPS exige d’investiguer les dimensions sociales, relationnelles et organisationnelles du travail, en accordant toute sa place à la dimension subjective du rapport au travail (la question du sens, les valeurs, les émotions en lien à l’activité et à son contexte), à des fins de prévention. » [1].
« La prévention des risques psychosociaux (RPS) impose en particulier de développer une posture d’écoute des salariés sur les facteurs organisationnels reconnus comme ayant un impact en matière de RPS : la définition des tâches, le sens du travail, la répartition de la charge de travail, les relations entre les collègues et avec la hiérarchie… » [2]
Articulation et perspectives
Les démarches de Qualité de Vie au Travail et de Bien-Etre au Travail se sont développées sur le socle de la prévention des RPS.
Construire une politique de bien-être au travail, comme le souligne l’INRS**, « permet à la fois de réduire les risques psychosociaux et d’agir sur le climat collectif et sur la motivation dans le travail » [1]. L’amélioration du bien-être au travail prévient « les risques psychosociaux, en amont des manifestations aiguës de stress, de violence ou d’épuisement. » [2] et contribue à l’épanouissement professionnel des salariés, à l’amélioration de l’ambiance de travail au sein des équipes et au renforcement du climat de respect et d’écoute.
Les actions pour l’amélioration du bien-être au travail ne se réduisent pas à la mise à disposition d’infrastructures sportives, de séances de massages et de yoga, de conseils diététiques, ou encore de prestations de « coaching de vie » en entreprise… « Ces dérives dans l’utilisation du terme Bien-être au travail sont apparues, par exemple avec l’apparition de fonctions du type « Chief Happiness Officer » ou « responsable du bonheur » en entreprise, principalement associées à la construction du lien social dans et vers l’entreprise ou les lieux de travail (espaces de coworking) et sans aucune volonté de faire évoluer les pratiques organisationnelles ou managériales. » [1]
La démarche « Bien-être au travail » impose de construire les conditions d’écoute et d’expression directe et collective, voulues également par le législateur avec la QVT, qui constituent les bases sur lesquelles s’appuyer pour améliorer le sens du travail, le sentiment d’équité, la préservation de la sphère privée, mais aussi le maintien des compétences et de la motivation tout au long des parcours professionnels.
Les trois notions que sont « la prévention des RPS », « la QVT » et « le Bien-être au travail » seront-elles amenées à fusionner dans une démarche durable globale encadrée par une loi, pour que les entreprises dans leur recherche de performance soient garantes des équilibres sociaux, sociétaux et environnementaux ?
* Loi n°91-1414 du 31 décembre 1991
** Créé en 1947, l’INRS est une association loi 1901 sans but lucratif. Il est géré par un Conseil d’administration paritaire constitué de représentants des organisations des employeurs et des salariés. Organisme généraliste en santé et sécurité au travail, l’INRS intervient en lien avec les autres acteurs institutionnels de la prévention des risques professionnels. Il propose des outils et des services aux entreprises et aux 18 millions de salariés relevant du régime général de la Sécurité sociale. L’INRS travaille en lien étroit avec la Direction des risques professionnels de la Cnam et son réseau régional de Carsat, Cramif et CGSS. Il coopère avec d’autres organismes de la prévention (Anses, Anact, OPPBTP…) et de la recherche.
[1] « Décryptage… – Risques psychosociaux, bien-être et qualité de vie au travail » – Avril 2019 – INRS
[2] https://www.inrs.fr/risques/bien-etre-travail/ce-qu-il-faut-retenir.html